Écosse “l’appel du large”
Après un 15ème voyage en Écosse nos objectifs photo captent toujours de superbes images. Ce n’est jamais la même lumière. La faune, la flore, les vieilles pierres, les paysages… chaque fois renouvelés apportent l’émotion et les couleurs. L’envie d’en découvrir davantage nous a poussés à prendre des ferries ou de petites embarcations pour aborder des îles. Que d’îles encore à explorer!!! Ce sont des photos envoutantes actuelles et anciennes de livres (feuilletés dans un cottage de l’île de Skye), de l’une de ces îles, Saint Kilda, qui ont suscité ce nouvel article sur l’Écosse. Mais avant de m’attarder sur ce lieu (et son histoire) que nous n’avons pas parcouru, je vais “survoler” tel un drone, d’autres îles (surtout des Highlands à l’ouest de l’Écosse) sur lesquelles nous avons “accosté” pour un jour ou une semaine (avec des milliers de photos recueillies…) et dont certaines mériteraient à elles seules de s’y attarder pour d’autres articles.
L’île se Skye est celle dont on ne se lasse pas avec 9 séjours reposants. Elle est reliée à la côte nord-ouest de l’Écosse par un pont ouvert en 1995 (lequel au départ était payant) et fait partie des Hébrides intérieures. Elle est réputée pour ses paysages sauvages qui ont servi comme décors dans de nombreux films ou séries (notamment une ligne de crêtes allant de l’Old Man of Storr -monolithe de 55m de haut- au massif du Quiraing -formation géologique d’origine volcanique-). De nombreuses randonnées jalonnent cette île dont certaines sont impressionnantes (telle celle pour accéder au phare: Nest point) et apportent chaque fois des images et sensations nouvelles. Une météo purement écossaise, très changeante, est à l’origine de jeux de lumière fabuleux.
Un petit ferry nous a conduits sur l’île de Raasay qui faisait partie du panorama quotidien de notre cottage sur l’île de Skye (“la Old Church”).
Le livre “le Rayon vert” de Jules Verne nous a incités à suivre ses personnages dans leur périple “écossais. Au départ ceux-ci affrontent le détroit de Coryvreckan, dangereux avec un toubillon vers l’île de Scarba inhabitée. Une autre grande île Mull (au sud de l’île de Skye) a servi de “tremplin” pour accéder aux îles de Iona (et son abbaye; évoquée précédemment) et surtout Staffa étonnante, “point d’orgue” du roman avec “ses orgues basaltiques” et sa “Fingal’s cave” qui a inspiré de nombreux artistes. L’auteur avait visité cette île en 1879 et disait:
« Cette vaste caverne, avec ses ombres mystérieuses, ses chambres noires couvertes d’algues et ses merveilleux piliers en basalte, m’a vivement impressionné ».
Sur l’île de Mull nos objectifs photos ont “capturé beaucoup de hérons très craintifs, difficiles à approcher.
L’ île de Seil plus au sud, est reliée à la côte par “le Pont de l’Atlantique” ou “Clachan bridge” (à une seule arche), conçu par John Stevenson, construit en 1792-93 , offre peu de visibilité quand on s’y engage!!. L’île conserve un passé typique, pittoresque avec ses maisons de pêcheurs blanches, alignées les unes contre les autres. Ces maisons au départ étaient celles d’ouvriers travaillant dans l’exploitation d’ardoises. Celle-ci cessa au XIXème siècle au profit de la pêche. Un superbe jardin floral envoutant (An Cala) complète ce tableau, très prisé des photographes amateurs de couleurs et d’authenticité.
C’est aussi la recherche de photos toujours plus surprenantes, moments de vie, sur des îles comme les Treshnish et Handa. Ce sont des réserves ornithologiques qui offrent de superbes prises de vue uniques. Ce monde des oiseaux est fascinant. Ces îles sont attirantes, mais parfois la météo changeante (comme une averse brutale) troublent l’enthousiasme du départ, puis un rai de soleil éclaire à nouveau ce spectacle vivant, tellement différent d’une agitation urbaine, de quoi retrouver une certaine sérénité…
Une autre île Bass Rock à l’est d’Edinburgh, inaccessible au public est le lieu de nidification pour des milliers d’oiseaux des fous de Bassan surtout. Ceux-ci teintent de blanc ce gros rocher escarpé cerné de falaises et côtoient un phare blanc, les ruines d’un château et d’une chapelle.
Nos avons attendu la marée basse pour accéder à pied sur des petites îles où seuls cohabitent des phoques et des oiseaux (Rough, Oronsay, Lampay…). Certains touristes peuvent se laisser piéger quand la marée remonte!!!
Une petite île Gigha (côte ouest du Kintyre péninsule du sud-ouest de l’Écosse) est intéressante à découvrir au printemps avec toute sa flore éclatante dans un grand jardin, et ses “plages jumelles”.
Un ferry nous a menés aux Hébrides extérieures Lewis-Harris. Là encore c’est comme chaque fois le même plaisir de découvrir de nouveaux terrains de “chasse photographique”. C’est lorsque la lumière est la plus belle pour “capturer” toute la beauté des paysages que parfois c’est à “couper le souffle”. Pourtant loin de la pollution atmosphérique c’est un air pur iodé marin qui chatouille l’odorat quand la mer s’agite. Que retenir en plus de ces îles qui mériteraient à elles seules un chapitre entier? Ce sont toutes ces grandes plages de sable blanc, très peu fréquentées, et toutes ces couleurs de ciel et mer alliant une large palette de bleus, verts, turquoise, gris de quoi inspirer l’âme créative d’artistes etc…
Lewis comprend notamment le site mégalithique de Callanish, ensemble majestueux de pierres érigées sans doute vers 3000 av J.-C. Les 13 pierres principales forment un cercle de 13 m de diamètre au centre duquel se dresse un monolithe de 4,8 m de haut. Quand le soleil du soir darde ses derniers rayons l’imaginaire peut voguer vers un passé tellement lointain que différentes théories essaient d’accrocher (calendrier, dévotion …??). Les phares, protecteurs pour les marins, sont omniprésents en Écosse et sont des lieux de randonnées. Ils dressent fièrement leurs murs blancs le long des côtes et sur les îles, mais le phare de Lewis est en briques rouges. Je termine ce bref aperçu par une des caractéristiques célèbres de Harris qui est son très beau tweed, fabriqué à partir de pure laine vierge teinte, filée et tissée à la main.
L’Écosse est reconnue aussi pour son whisky avec de très nombreuses distilleries, c’est ainsi que la petite île d’Islay en compte 6 (bientôt 8). Ce qui nous a marqués entre autres en ce lieu, c’est l’amabilité et la gentillesse des habitants souriants qui engagent spontanément des échanges. C’est ce petit port pittoresque bordé de cottages blancs avec une toute petite plage à Portnahaven. C’est aussi une curiosité, cette petite église (parish church) avec ses 2 entrées que 2 villages se faisant face dans la baie, se partagent Portnahaven et Portwemyss. Une autre église (à Bowmore) présente une particularité, elle est ronde et selon la légende c’est “pour empêcher le diable de trouver une cachette” (ronde à l’extérieur et ronde à l’intérieur).
D’autres îles (Bute, Aran, Kerrera) comme beaucoup d’autres îles possèdent leur histoire avec leur château, leurs légendes, leurs vieilles pierres, leurs menhirs… qu’il est intéressant de découvrir. Des petites embarcations nous ont menés aussi à d’autres petites îles sur des lacs, lochs, ou rivière qui dressent fièrement leurs vieux murs, châteaux ou abbaye (loch Leven Castle où Marie d’Écosse a été emprisonnée, Threave castle sur la Dee où un mannequin prisonnier pourrait apparaître comme un fantôme, Inchmahome Priory fondé en 1238 sur le Lac de Menteith). Nous n’avons jamais pu visiter le château de Stalker situé sur une petite île (du Loch Laich). Au départ peu de visites étaient organisées, puis le nombre de visiteurs a été limité, enfin à deux reprises notre réservation pour l’embarcation menant à cette île a été annulée au dernier moment.
Chaque lieu reflète une certaine atmosphère marquée par son passé. Beaucoup d’autres îles seraient à découvrir lors d’autres voyages. Les îles Shetland et Orkney sont tout au nord. L’île de Inchcolm et son abbaye est située au nord d’Edimbourg (sur le Firth of Forth) que nous apercevions à l’arrivée en Écosse quand le ferry de Zeebruge nous menait directement en Écosse (mais malheureusement ce ferry n’existe plus!!). Enfin bien d’autres îles des Hébrides intérieures seraient à parcourir, comme l’île de Rhum petite île avec son château de Kinloch, sa géologie unique (noyau d’un ancien volcan) et dont l’historique est riche….
Alors pourquoi un intérêt surtout pour St Kilda? Ce sont donc d’abord des photos assez spectaculaires et fascinantes qui ont motivé le désir de connaitre plus l’histoire de cet archipel (à défaut d’avoir pu le visiter). C’est un site assez fantastique, perdu dans l’océan, battu par les vents. Il est isolé dans l’océan atlantique, loin des côtes écossaises (163Km) et des Hébrides extérieures (70Km), inhabité depuis août 1930.
Cet archipel volcanique (formé sur les restes d’un volcan annulaire) comprend les îles de Hirta (la plus grande île), Dun, Soay ( “l’île du mouton”) et Borera. Dun était reliée à Hirta par une arche naturelle détruite probablement lors d’une tempête. St Kilda présente des paysages spectaculaires, des falaises vertigineuses parmi les plus hautes d’Europe qui tombent à pic dans la mer, des éperons d’érosion marine, des versants abrupts qui plongent dans la mer à partir de pentes escarpées de plus de 375m. Une image plus reposante est le village Bay sur Hirta sur un site en pente douce et où sur cette île le plus haut point de l’archipel culmine à 430m (Conachair).
Pour illustrer ces propos j’ai “navigué” sur internet pour retrouver des photos anciennes et j’ai feuilleté des livres en Écosse.
Comment imaginer une colonisation humaine (inférieure à 100 habitants en 1851 qui n’aurait jamais dépassé 180), dans des conditions extrêmes d’une vie insulaire rude, sur cet archipel balayé par les vents et les tempêtes, isolé loin du monde extérieur qu’ils ne connaissaient pas. Le climat est océanique avec de fortes précipitations et la température reste fraîche. C’est aussi l’histoire humaine de “chasseurs d’oiseaux” à flanc de falaise (surnommés “hommes oiseaux”). Ils n’étaient pas des pêcheurs car la pêche était considérée comme trop dangereuse. Ils vivaient dans une nature hostile, dans la rigueur des éléments, en quasi autarcie, isolés pratiquement de la civilisation pendant des siècles (symbole de liberté et d’utopie). Ils vivaient et travaillaient ensemble, solidaires, unis jusque dans le mort de tous leurs actes de vie.
Leurs rêves étaient souvent les mêmes. Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle ils ne connaissaient ni l’écriture, ni la guerre, ni l’argent, ni le miroir… Ils avaient un grand sens de la communauté. A noter un aspect particulier de la vie à St Kilda chaque matin les hommes se réunissaient en un “parlement” journalier, après la prière, dans l’unique rue du village et décidaient des activités du jour.
Jusqu’à la fin du XIXème siècle les habitants communiquaient avec le reste du monde en allumant un feu au sommet du point culminant de l’île (Le Conachair). Puis un visiteur de l’île fut à l’origine de la création du “navire postal”, petite bouée contenant un message pouvant ainsi envoyer ce message vers les îles Orcades, voire la côte ouest de l’Écosse en fonction des vents et courants.
L’histoire de St Kilda remonte à la préhistoire (découvertes archéologiques). Le 1er document mentionnant cet archipel date de 1202. L’histoire retrace la présence d’aumôniers et de Révérends (certains mieux appréciés que d’autres) tentant d’apporter leur religion (les insulaires étaient portés vers le druidisme). Puis ils améliorèrent les conditions de vie, et amenèrent l’éducation scolaire.
Des navires au XVIIIème siècle apportèrent variole et choléra et pour repeupler des familles de Harris sont arrivées (comptant alors jusqu’à 100 habitants), puis 36 insulaires émigrèrent en Australie. Le début du tourisme au XIXème siècle apporta aussi le tétanos puis une épidémie de grippe frappa cette communauté en 1913. La population cependant est restée stable (75-80 habitants). Alors que pendant des siècles cette communauté insulaire avait survécu dans un environnement rude et un isolement relatif, de nombreux facteurs en “sonnèrent le glas”. Le tourisme et la présence militaire de la 1ère guerre mondiale, la grippe en 1926, la mort d’une jeune femme d’une appendicite en 1930, de mauvaises récoltes, le départ de la plupart des jeunes, la population qui avait alors chuté à 37 ( en 1928) demanda son évacuation avec tristesse. Ils laissèrent le feu allumé dans leur cheminée et leur vieille bible ouverte à la page de leur exode.
St Kilda a été occupé depuis plus de 4000 ans jusqu’à ce départ des derniers habitants en août 1930. Des vestiges témoignent de son passé historique, des peuples qui y ont vécu et leur mode de vie (maisons, cleits: structures en pierre sèche, ). La subsistance de ces peuples a été basée sur l’exploitation agricole des terres (orge, pommes de terre), l’élevage de moutons et les produits des oiseaux (viande, plumes, oeufs). Les marques du passé de cette civilisation insulaire sont des cercles de pierres énigmatiques datant de 1850 av J.-C , les ruines d’un village médiéval, puis la construction d’un nouveau village de “black houses” et de nombreuses petites constructions en pierre sèche appelées “cleits”, jouant un rôle de conservation des différentes ressources, puis de resserres universelles (pour la tourbe, les filets de pêche, les céréales, pommes de terre, viande salée, fumée etc…). Ces cleits étaient des petites huttes, construites avec une pierre unique en guise de toit. Les murs comportaient des petites pierres positionnées avec des interstices pour laisser passer le vent afin de préserver la nourriture exposée (en la rafraichissant).
St Kilda abrite des colonies d’oiseaux très importantes (surtout de fous de Bassan, mais aussi de macareux, fulmars, pétrels, grands labes… et aussi une espèce endémique de troglodytes). C’est le plus grand sanctuaire d’oiseaux de l’Atlantique nord. Sur l’île de Soay des moutons sauvages (environ 200, race rare) témoignent de l’occupation antérieure de l’île (apportés par les 1ers résidents). Sur l’île de Bororay d’autres moutons issus de croisements sont les plus petits moutons des îles britanniques et dont l’existence est jugée critique. D’autres résidents cohabitent des mulots, des phoques…. L’isolement de cet archipel a contribué à un manque de biodiversité et ne possède pas d’arbre.
Ce patrimoine (classé au patrimoine mondial de l’Unesco pour son importance naturelle et culturelle, le site le plus inaccessible d’ Europe), est devenu la propriété du National Trust of Scotland en 1957. IL est préservé, avec conservation du paysage et c’est une réserve naturelle protégée, un site d’intérêt scientifique. Le ministère britannique de la défense assure actuellement une présence depuis 1957, ainsi que des associations de conservation et de chercheurs. C’est un endroit jugé fascinant aussi pour la plongée sous-marine (avec cavernes englouties, arches et abîmes, mouvement des vagues produit par la houle observés jusqu’à 70 m de profondeur…).
Cet archipel a inspiré plusieurs personnes: cinéastes, musiciens voire un opéra (joué en 2007 en même temps dans 5 pays différents en mémoire de ce peuple), romanciers voire des auteurs de bandes dessinées. De nombreuses vidéo et photos sur internet permettent d’accéder virtuellement à cet archipel à défaut de le découvrir réellement…
La visite de Saint Kilda est au programme de votre prochain séjour écossais ? après cette étude approfondie, nous attendons vos photos de ce lieu !
Je pense que nous avons presque fait “le tour” de l’Ecosse” (ses châteaux, paysages, faune, flore..), même s’il n’est pas exclus d’y retourner un jour, mais il est temps de faire “le tour” de la France!!!
Je pense que si j ‘étais plus jeune ça me donnerais envie d’ aller voir ce magifique paysage de l’ Écosse avec toutes ces jolies vues merci pour ces jolies photos
Oui on ne se lasse pas de l’Écosse mais le voyage est long pour y arriver. Maintenant il est temps de visiter la France et ses vieux villages!!!