« Ma vie, semblable à un iris solitaire poussé sur le bord du fleuve du temps, donne aujourd’hui sa fleur. » Chateaubriand
La nature possède une riche gamme de couleurs de par la grande diversité de ses fleurs. C’est une source d’inspiration pour les poètes et les peintres mais elle charme aussi l’œil du photographe. C’est le plumetis jaune d’iris écossais printaniers, omniprésents, en harmonie avec le vert de la végétation, le blanc des moutons, le bleu du ciel et de la mer et le gris des pierres, qui m’a entraînée vers ce nouvel itinéraire coloré de ces fleurs.
Ce mot « iris » oriente vers 3 domaines. Il appartient non seulement à la botanique, mais aussi à l’anatomie du globe oculaire et il a rejoint la liste des prénoms comme pour d’autres fleurs. De tout temps sa beauté et la grande variété de ses couleurs ont fasciné les hommes et nourri leur créativité. Je me suis intéressée à la poésie et à la peinture concernant ces fleurs. Depuis longtemps les iris bleus de Van Gogh m’ont conquise. C’est ainsi qu’il m’a été offert de nouveaux foulards en soie. Ces iris ont attiré beaucoup d’autres peintres et comment ne pas penser à Monet puisant son inspiration dans son jardin. L’art nouveau a largement contribué à représenter tout leur attrait et leur beauté dans la décoration, les peintures, l’art du vitrail, les bijoux etc… De même il est très présent dans la culture nippone, telles en témoignent de nombreuses peintures et gravures.
Se reflétait dans l’étang,
Bel iris sauvage
Qui rêves au beau temps.
Iris mes beaux yeux
Tu parfumes les draps blancs,
Iris merveilleux,
Iris au bord de l’étang.
D’après une légende l’emblème de la royauté « la fleur de lys » serait en fait la représentation de l’iris. Clovis, lors d’une bataille contre les Wisigoths, suivit les traces d’une biche pour franchir une rivière. Parvenu sur l’autre berge, il remarqua des jolies fleurs jaunes, des iris des marais (iris pseudacorus). Il en cueillit un, partit au combat qu’il remporta, attribuant sa victoire à ce talisman. Il en fit son emblème, symbole de la monarchie. D’autres parlent de ses connaissances botaniques concernant cet iris des marais et il en déduisit qu’il se trouvait un gué pour passer. Une autre légende relate que son armée se serait cachée derrière ces fleurs. Dans tous les cas cette fleur serait à l’origine de sa victoire et donc de son emblème. Charlemagne encouragea sa culture. Puis Louis VII en fit aussi son blason. Elle fut appelée « fleur de Louis » puis « fleur de lys ». D’autres légendes ou hypothèses retracent l’origine de cette fleur de lys. Cela relève du domaine des historiens.
Je t’apporte un iris cueilli dans une eau sombre
Pour toi, nymphe des bois, par moi, nymphe de l’eau,
C’est l’iris des marais immobiles, roseau
Rigide, où triste, oscille une fleur lourde d’ombre.
Pierre Louÿs
On compte au moins 300 espèces d’iris dont beaucoup sont des hybrides obtenus dès le XIXème siècle. Elles offrent une riche palette de couleurs et de nuances faisant le bonheur de jardiniers et des amateurs de beaux jardins. Ce sont des plantes à rhizomes ou à bulbes. Dès l’antiquité les iris ont été appréciés pour leur beauté et le principe odorant des rhizomes, l’irone, de certaines espèces comme « l’iris germanica », dont l’utilisation dans la parfumerie remonterait à la Renaissance avec Catherine de Médicis. Il rentre toujours dans la composition de nombreux parfums célèbres comme note de fond associée aux notes florales ( l’Air du temps N. Ricci, N°5 de Chanel, Anaïs de Cacharel et bien d’autres parfums féminins et masculins…).
Mais on leur prêtait aussi des vertus thérapeutiques à visée respiratoire, cutanée, voire hémostatique, mais c’était aussi censé soigner des fièvres intermittentes, des gastralgies, l’épilepsie, les céphalées, les morsures de vipère, de scorpions, les douleurs lors des poussées dentaires etc… Il a servi aussi à aromatiser le vin et une huile censée supprimer les odeurs de transpiration, mais aussi à blanchir et parfumer les lessives. ll sert encore pour la teinture de tissus. Au Japon on lui attribue un rôle protecteur et purificateur. C’est l’emblème de la ville de Bruxelles (iris jaune des marais) et du Québec (iris versicolor).
Je vais terminer par l’iridescence dont l’étymologie retrouve l’iris ou arc-en-ciel. C’est un phénomène optique où une surface change de couleur en fonction de l’angle de vue. Ces couleurs irisées se voient dans des bulles de savon, un film d’huile déposé sur de l’eau, des ailes de papillon, d’oiseaux, certains coquillages et minéraux…