Depuis longtemps j’ai trouvé un intérêt au sable tant par la diversité de leurs couleurs que la beauté de certains paysages déserts ou plages, et l’intérêt artistique graphique ou ludique qu’il suscite. Il suffit de voir les enfants avec leurs pelles et leurs seaux pour faire des châteaux de sable. Mais ce sont aussi tous ces artistes qui écrivent et dessinent de gigantesques fresques éphémères sur des plages à marée basse (le « Beach Art » ou « Arénaglyphe »),
ou ceux qui élaborent de majestueuses sculptures de sable où l’imaginaire n’a pas de limites, dans ces festivals et concours internationaux.
Pour admirer tout ce travail d’artiste, internet permet de découvrir ces prouesses grâce à de multiples photos. J’apprécie le dessin en perspective et en 3D autant dans le « Beach Art » que le « street Art ».
Le sable est aussi objet de spectacle qui joue avec la lumière. C’est « le dessin sur sable ». Sur une table lumineuse un artiste crée des histoires imaginaires et éphémères mêlant beauté et poésie. Il dessine des formes en mouvement perpétuel pour aboutir à un tableau comme par magie. C’est un spectacle assez fascinant où le sable prend vie, sans cesse en mouvement, présentant des dessins qui se métamorphosent et diffusant une part de rêve au spectateur.
Les dessins sur le sable, comme ceux de Vanuatu (archipel du Pacifique Sud), rentrent aussi dans des traditions culturelles graphiques (depuis 2008 dans le patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO). C’est une expression artistique multifonctions: communication (entre les membres de 80 groupes linguistiques différents de l’Archipel), contemplation, rituel. Ils sont des moyens mnémotechniques pour transmettre d’innombrables informations orales, des connaissances mythologiques, des rituels… Les dessins sont réalisés directement sur le sol avec le doigt, sous forme d’un tracé continu, créant des arabesques imaginaires, conduisant à une composition harmonieuse faite de motifs géométriques et symétriques.
Pour les Touaregs le sable est un support naturel à l’apprentissage ludique de l’écriture (comme une « ardoise naturelle » où on trace et on efface sans cesse), faisant appel à la capacité de mémorisation. Mais il sert aussi à la communication en faisant passer des messages dans un groupe, à destination individuelle ou collective (lors de veillées, soirées ou assemblées). En Australie les Kukatja (groupe aborigène du désert occidental) exécutent aussi des dessins éphémères de sable servant à raconter une histoire où le même motif peut avoir différentes interprétations; par exemple un cercle peut signifier un campement, un point d’eau, une colline, un arbre etc… Un demi-cercle indique une personne assise… A la fin du récit le dessin est effacé. Ces dessins servent aussi à la communication d’une expérience, d’une information et de connaissances (cartes, mythes, techniques de chasse etc…), mais aussi à l’instruction des enfants.
D’autres peuplades utilisent le sable à des fins thérapeutiques, comme les peintures de sable qui sont un des éléments les plus importants dans des cérémonies de guérison des indiens Navajo. Le sable appartient aussi à une pratique spirituelle avec du sable tibétain offert aux bouddhas et à l’univers, dans la construction d’un support de méditation le « mandala » (qui signifie cercle et par extension sphère, environnement, communauté). Il fait partie d’un Art sacré, sa réalisation peut demander plusieurs mois pour être ensuite détruit et ainsi montrer le caractère éphémère de la vie.
Je me suis lancée dans la réalisation de tableaux de sable, à visée artistique et loin d’imaginer en commençant cet article, toute l’importance du sable avec des utilisations variées. Ce champ d’exploration est vaste et je suis très loin d’en avoir tout découvert. Je n’en ai retenu que quelques éléments et je vais présenter l’art du tableau de sable.
C’est avec plein d’idées en tête, ma collection de sable débutée depuis longtemps, et munie alors de polyphane et d’un cutter que j’ai commencé à imaginer des tableaux de « sable naturel » (non coloré). Au départ ce fut un peu le tâtonnement. Après 4 tableaux « d’essai » tests, sans me décourager, j’ai perçu tout le potentiel à retirer de la maitrise de ce matériel. Ce n’est pas comme la peinture où des retouches sont permises, quand le sable est collé il est difficile de revenir en arrière. C’est chaque fois le plaisir de la découverte du rendu où chaque morceau de polyphane est remplacé par du sable, car il n’y a pas de sables identiques, tous ont leur couleur, leur finesse (leurs grains), leur brillance et leur mise en valeur posés côte à côte.
Le contraste noir et blanc procure un bel effet.
J’ai cherché l’inspiration dans les silhouettes qui se détachent dans des couchers de soleil ou dans des atmosphères de brume ou brouillard
Et comme je suis une amoureuse des chats, ils ont leur place dans ces tableaux et il faut rester Zen!!
Tout est source d’inspiration musiciens, danseurs, animaux, portraits, Fantasy Art etc… mais aussi déserts et chameaux…
Je vais donc continuer à voyager au travers de mes tableaux de sable…
Je fais une « échappée » dans le parcours de cet article, sur des dessins autres que sur le sable, avec des dessins surprenants tracés sur un sol gypseux : les géoglyphes dessinés dans le désert de Nazca, au Sud du Pérou, (faisant partie du patrimoine mondial de l’UNESCO), redécouverts en 1927 (initialement en 1553 par un conquistador) et répartis sur 50Km. Ils sont issus d’une culture pré in-caïque. Les théories pour leur interprétation sont d’ordre rituel (figures associées au chamanisme ou à des activités rituelles menant à des sites sacrés, des autels à offrandes…), ou astronomique (Maria Reiche: calendrier astronomique), et entre autres hypothèses: ufologique (extraterrestre), radiesthésiste (repères pour trouver des résurgences et sources d’eau), électrosismiques…
Je vais terminer par un joli texte, emprunt de sagesse, d’un auteur inconnu que j’ai trouvé au hasard de mes recherches sur internet concernant l’écriture dans le sable:
C’est l’histoire de deux amis qui marchaient dans le désert.
À un moment, ils se disputèrent et l’un des deux donna une gifle à l’autre.
Ce dernier endolori, mais sans rien dire, écrivit dans le sable :
« Aujourd’hui mon meilleur ami m’a donné une gifle ».
Ils continuèrent à marcher, puis trouvèrent une oasis
dans lequel ils décidèrent de se baigner.
Mais celui qui avait été giflé manqua de se noyer et son ami le sauva.
Quand il se fut repris, il écrivit sur une pierre :
« Aujourd’hui mon meilleur ami m’a sauvé la vie ».
Celui qui avait donné la gifle et avait sauvé son ami lui demanda :
« Quand je t’ai blessé tu as écrit sur le sable,
et maintenant tu as écrit sur la pierre, Pourquoi ? »
L’autre ami répondit :
« Quand quelqu’un nous blesse, nous devons l’écrire dans le sable,
où les vents du pardon peuvent l’effacer.
Mais quand quelqu’un fait quelque chose de bien pour nous
nous devons le graver dans la pierre,
où aucun vent ne peut l’effacer ».
Apprends à écrire tes blessures dans le sable
et à graver tes joies dans la pierre.