Printemps écossais
Le changement climatique est devenu une évidence. Véritable paradoxe cette année en mai, alors que l’Écosse se pavanait dans un anticyclone et affichait une figure insolente estivale, continue (durant 15 jours), avec soleil, chaleur, ciel et mer bleus… la pluie saturait la France. Nous avons eu la chance d’en voir cette version lumineuse pour notre 14ème séjour et d’en percevoir toute la beauté colorée printanière. L’hiver cependant gardait son empreinte sur des sommets encore enneigés. La couleur dominante au départ était alors le jaune avec les ajoncs et genets en fleurs. Les ajoncs sont des arbustes épineux qui poussent naturellement dans les landes, alors que les genets n’ont pas d’épines. Lors de mes recherches au sujet de ces fleurs j’ai trouvé une expression bretonne pour qualifier une personne niaise qui n’a pas toute sa tête:
“etre lann a balann” signifiant “entre ajonc et genet”…
Je me suis intéressée aussi à une légende écossaise:
“Satan, désespéré de ne voir personne arriver en enfer, fit appel à Dieu qui lui aurait alors promis toutes les âmes de ceux qui mourraient lorsque la lande ne serait pas en fleurs. Ravi, Satan redescendit sur terre. Hélas ! les mois passèrent et l’ajonc était toujours couvert de fleurs. Dépité, le diable sema de l’orge et, avec le malt, inventa le whisky. Il installa des pubs le long du chemin menant au paradis et les Écossais s’y arrêtèrent. Sortant ivres des pubs, Satan pouvait les conduire en enfer. Pour écarter les mauvais sorts, les maisons et champs d’Écosse sont très souvent entourés d’ajoncs.” (car les ajoncs sont sensés être dotés de pouvoirs de protection contre les pouvoirs maléfiques). “Par contre en Bretagne le diable se venge avec la cuscute, plante parasite, qui fait périr les ajoncs”!!!
Une autre légende rapporte que les sorciers durant le sabbat devaient marcher pieds nus sur un tapis d’ajoncs (symbole de la résistance et de l’agressivité). Mais les sorcières les avaient aussi en horreur car ils représentaient la clarté opposée aux ténèbres. Les gens effrayés chassaient ces femmes en agitant des ajoncs au-dessus de leur tête… En Bretagne une croyance assure que les âmes du purgatoire font pénitence dans les ajoncs (pour ne pas les blesser ni les déranger, il est conseillé de tousser en franchissant un talus d’ajoncs et de ne pas les couper)…
Les rhododendrons sauvages (ponticum, originaire du Caucase) semblaient timides a s’épanouir. Mais les rayons de soleil ont fait renaître tous ces couleurs rose-violet-mauve le long des chemins. Cependant la “Forestry commission” voudrait les éradiquer car c’est une menace écologique. Ils se sont propagés, hors de contrôle causant des dommages à de nombreuses forêts indigènes, aux landes et autres endroits sauvages car ils poussent sous forme d’énormes buissons qui étouffent la plupart des autres plantes sauvages et arbres, les empêchant de pousser ou de se régénérer. D’autre part beaucoup de buissons de rhododendrons ont été infectés par la maladie des arbres appelée la “maladie de Ramorum”, qui menace beaucoup d’espèces d’arbres et d’arbustes. Mais ce qui impressionne le photographe et le randonneur c’est la magie d’un paysage coloré, à l’image de la bruyère qui sature de mauve les paysages des Highlands dès fin août. Mais les rhododendrons dans les jardins privés ne sont pas concernés par ce plan d’éradication.
Le printemps est la saison des azalées et rhododendrons et des fragrances très agréables. Ils parent de leurs couleurs, en une riche palette, tous les parcs et jardins et offrent une gamme d’espèces botaniques tellement vaste que c’est un véritable émerveillement pour l’œil du photographe, de l’artiste, du jardinier… mais aussi du simple promeneur. Quelques camélias persistaient parmi les rhododendrons.
Il existe plus de 1000 espèces de rhododendrons originaires de l’Himalaya et de différentes contrées d’Asie. Dès 1900 des hybrideurs et horticulteurs vont contribuer à l’extension de ces fleurs pour embellir les jardins. Le rhododendron est la fleur nationale du Népal et apparait sur les armoiries du pays. Dans le langage des fleurs le rhododendron c’est “le danger” (sans doute lié à la présence de composés toxiques), et l’azalée c’est “la tempérance”. L’étymologie de rhododendron vient du grec rhodon “la rose” et dendron “l’arbre”. Au Moyen Âge il avait pour nom “Rosage”.
Une légende dans les Alpes (Argentières) attribue la naissance du rhododendron à une fée qui voulut faire de cette fleur le souvenir d’un amour éternel. Elle fut impuissante face au destin tragique d’un berger qui voulant rapporter un bouquet de fleurs à sa fiancée fit une chute mortelle sur des rochers. La magie opéra: “des fleurs rouge vif parsemées de points d’or comme ceux de ses yeux, naquirent alors du sang de ses blessures sur ces rochers”… Mais autre légende des Alpes dit que le rhododendron rouge attire la foudre et le tonnerre (surnommée alors “fleur du tonnerre”) alors que le rhododendron blanc rare indique une veine d’Or… Des légendes en Mésopotamie, au Japon et en Chine rapportent que le thé de rhododendron serait un élixir de longue vie, de jeunesse éternelle et d’immortalité. Alexandre le Grand aurait été aussi à la recherche de la Fontaine de Jouvence mais sans succès car il a disparu à l’âge de 33 ans!!
Ce printemps écossais m’a surtout conquise avec ses vastes tapis bleus omniprésents de “Bluebells” (jacinthes sauvages des bois symbole de la fidélité). Pour moi amoureuse de la couleur bleue, j’étais constamment sous le charme de ces élégantes clochettes bleues qui s’offraient par milliers dans les bois, en bordure de chemins et dans les parcs et jardins, tableau à la fois surréaliste et féerique…
Quand elles s’alliaient avec d’autres fleurs parées d’autres couleurs, et avec le vert des fougères en sous-bois, c’était une véritable harmonie printanière, un hymne reposant à la nature dont je ne me lassais pas…
Son nom est tiré d’une légende grecque avec Hyacinthe qui personnifie le printemps et est changé en fleur. Zéphyr et Apollon se disputent l’affection de ce jeune éphèbe. Apollon lui apprend à lancer le disque qui accidentellement heurte la tempe de Hyacinthe et cette autre version dit que Zéphyr (dieu des vents) fâché, par son souffle dévie la trajectoire de ce disque qui tue Hyacinthe. Une fleur nait alors du sang de Hyacinthe et la légende rapporte que ses pétales sont gravés des plaintes d’Apollon. Dans le langage des fleurs la jacinthe sauvage représente la constance amoureuse. Selon Pline le bulbe de jacinthe était utilisé pour garder une apparence juvénile aux jeunes esclaves, en ralentissant la croissance du système pileux. Ses fleurs peuvent être utilisées dans des potions pour empêcher les cauchemars et leur parfum chasse le chagrin.
Des légendes rapportent que les jacinthes des bois seraient enchantées et si un enfant s’égare seul au milieu de ces fleurs et en cueille, les esprits de la forêt, en colère, les empêcheraient alors de retrouver le chemin de leur maison. Une superstition affirme que ces fleurs, sont nommées aussi “les fleurs du glas” car celui qui entend un tintement venant d’un parterre de jacinthes sauvages mourra le jour même.
Dans un jardin, j’ai été aussi fascinée par un “Blue poppie” (Pavot bleu de l’Himalaya) considéré par beaucoup comme “le Graal” du jardinier, une merveille du monde végétal et que j’ai pu capturer pour la 1ère fois avec l’objectif photo. La culture de ce “Méconopsis” est difficile et aléatoire, nécessitant un terrain et des conditions particulières pour s’épanouir.
Cette balade écossaise printanière ensoleillée a ouvert un portail tellement coloré qu’il est difficile de faire un choix d’images. Que ce soit sur des plages, des rochers ou dans les parcs, les forêts… l’œil était constamment sollicité par la magie printanière de cette diversité, tant dans la flore que la faune.
Les Iris sauvages jaunes commençaient à peine à déployer leur corolle jaune.
Que de vues attendrissantes nous avons pu “capturer” au travers de l’objectif photo, de ces jeunes moutons qui gambadaient follement auprès de leur mère, ces canetons qui suivaient la leur en file indienne, et tous ces oiseaux plein de vie qui nous offraient un concert musical permanent ou la visite quotidienne d’un merle et de sa “compagne”.
Et rêve d’évasion vers un ciel serein, loin d’un monde tourmenté, quand les oiseaux s’envolaient…
C’était aussi une approche discrète vers ces jeunes cerfs, et ces biches toujours aussi craintifs, de même des hérons. Nous apprécions aussi ces images reposantes de ces phoques toujours alanguis sur leurs rochers, mais aussi le vol rapide de ces bourdons et abeilles qui viennent butiner de fleur en fleur et difficiles à “saisir” nettement avec l’objectif!!. Ce sont tous ces petits moments éphémères, plein de lumière, de couleurs et de vie qui sont porteurs de tranquillité et de sérénité loin des soucis et des tracas de la vie quotidienne citadine.
Le crépuscule et l’aube nous réservaient aussi des instants de quiétude.
Trés beau blog avec photos superbes qui mon beaucoup impressionnée c’ est magnifique
Merci beaucoup. Il est vrai que le printemps est vraiment une très belle saison colorée.
J’avais ramené des godets de méconopsis (pavots bleus) mais ils n’ont pas résisté ici à la canicule!!!