J’ai retrouvé par hasard un petit papier, plié en trois, porteur d’un message, écrit d’une écriture fine et parfois difficilement lisible. Il fait écho à un article précédent « Absence » pour apporter une certaine lumière à un questionnement longtemps resté sans réponse, comme une longue marche dans un désert; mais il ne peut qu’entretenir la profonde tristesse d’être « passé à côté » de non-dits…
Sens absent
Écouter,
Écouter, écouter, écouter!
Mais avec quel organe si ce n’est la cochlée,
Le tympan, marteau, enclume et étrier?
L’ouïe est condition de la vision,
L’absence d’ouïe modifie la vision,
Au point de la dissoudre à néant
Comme l’argile dissout les morts gisants.
Lire dans les regards, n’est-ce pas
Entendre avant tout les peines
Que le cœur par trop de tendresse
Se refuse à conserver
Au plus profond de ses fibres
Qui lui sont chères?
Ne pas entendre signifiant ne pas être entendu,
La surdité fatale oblige
Le sourd à être mutique
Leurs plaintes secrètes doivent le rester ou disparaître
Dans l’abîme des sentiments.
Mais si le flot de la conscience échoue à étouffer
Le mal complice de la tristesse
Alors le malheureux atteint de l’incurable surdité
Doit quitter le monde charnel qui le déchire
Pour un royaume où il est le Maître,
Le vide où les sens sont prohibés.
Il ne doit pas penser aux pleurs des proches sur son corps mourant
Car les larmes trahissent le sentiment que le sens manquant du sourd
Vise à réduire en pétales de fleurs en une infime fraction de bonheur.
Bienheureux est celui dont l’audition n’a pas faussé compagnie.
Malheureux soit le malentendant
Que la flûte de Syrinx attirait étant enfant
Et qui maintenant ne sont pas le moins du monde
Que l’extase n’est point l’onde que musiciens savent combiner en harmonies,
Mais au contraire au Néant, c’est-à-dire l’absence complète des six sens
La Conscience
L’ivresse
La Mort salvatrice
Et il faut continuer d’avancer comme le disait Einstein:
« La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ».