Au hasard du cheminement d’un questionnement

Tableau de sable

 

Tableau de sableJ’ai retrouvé par hasard un petit papier, plié en trois, porteur d’un message, écrit d’une écriture fine et parfois difficilement lisible. Il fait écho à un article précédent « Absence » pour apporter une certaine lumière à un questionnement longtemps resté sans réponse, comme une longue marche dans un désert; mais il ne peut qu’entretenir la profonde tristesse d’être « passé à côté » de non-dits…

 

 

                                 Sens absent

Écouter,

Écouter, écouter, écouter!

Mais avec quel organe si ce n’est la cochlée,

Le tympan, marteau, enclume et étrier?

L’ouïe est condition de la vision,

L’absence d’ouïe modifie la vision,

Au point de la dissoudre à néant

Comme l’argile dissout les morts gisants.

Lire dans les regards, n’est-ce pas

Entendre avant tout les peines

Que le cœur par trop de tendresse

Se refuse à conserver

Au plus profond de ses fibres

Qui lui sont chères?

Ne pas entendre signifiant ne pas être entendu,

La surdité fatale oblige

Le sourd à être mutique

Leurs plaintes secrètes doivent le rester ou disparaître

Dans l’abîme des sentiments.

Mais si le flot de la conscience échoue à étouffer

Le mal complice de la tristesse

Alors le malheureux atteint de l’incurable surdité

Doit quitter le monde charnel qui le déchire

Pour un royaume où il est le Maître,

Le vide où les sens sont prohibés.

Il ne doit pas penser aux pleurs des proches sur son corps mourant

Car les larmes trahissent le sentiment que le sens manquant du sourd

Vise à réduire en pétales de fleurs en une infime fraction de bonheur.

Bienheureux est celui dont l’audition n’a pas faussé compagnie.

Malheureux soit le malentendant

Que la flûte de Syrinx attirait étant enfant

Et qui maintenant ne sont pas le moins du monde

Que l’extase n’est point l’onde que musiciens savent combiner en harmonies,

Mais au contraire au Néant, c’est-à-dire l’absence complète des six sens

                            La Conscience

                                              L’ivresse

                                                              La Mort salvatrice

 

Tableau de sable - D'après une photo de 1933 - Source Pinterest

 

Et il faut continuer d’avancer comme le disait Einstein:

« La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre ».