« Un puits de connaissances » Internet

Suisse - Liebegg

 

Un Art de VieQui ne s’est pas penché un jour au dessus d’un puits? Pourquoi pas un « Puits à souhaits » dans l’espoir de voir un vœu se réaliser en y jetant une pièce. Les puits et les sources étaient considérés comme des endroits sacrés chez les peuples germaniques et celtes car l’eau est source de vie. la croyance voulait que des divinités habitent ces lieux et comblent des vœux dont certains à visée thérapeutiques assurant la guérison, voire le rajeunissement!!. C’était l’eau miraculeuse!!! Mais encore fallait-il que la pièce atterrisse d’une certaine façon au fond du puits pour porter chance!! La tradition perdure de jeter des pièces dans l’eau des puits et des fontaines (mais selon un certain rite comme dans la fontaine de Trévi à Rome avec le bras droit en tournant le dos).

TalcyIl existe toujours de très nombreux puits datant du Moyen Âge dans les châteaux, abbayes, cloitres, monastères, vieilles villes, villages, cryptes d’églises… Certains sont très intéressants et uniques,  avec des margelles en pierre ornées de sculptures et où le support de la poulie représente un motif de décoration. Souvent les puits étaient adossés aux cuisines de palais et aux écuries. Ils étaient ornés de devises, armoiries ou emblèmes.

 

 

 

 

 

SuisseLe puits représentait un lieu de vie , lieu de communication ou les gens venaient discuter autour de la margelle du puits, tout en puisant de l’eau à l’aide d’un seau, suspendu à une corde, glissant sur une poulie. Mais c’était aussi un « trou sans fond »,  lieu de mort pour des candidats au suicide. Le puits n’est pas seulement une cavité, plus ou moins profonde, percée dans le sol pour atteindre une nappe d’eau souterraine, il est « source » aussi de beaucoup de mythes, légendes et de nombreuses métaphores. Certaines légendes mentionnent le diable avec le « puits de l’enfer ou de l’abime » … On parle aussi de « puits qui parle » du fait des échos qu’on peut entendre.  Le noisetier est associé au puits et en assure la protection quand planté à proximité. Dans la mythologie celtique, le bois de noisetier était utilisé par les druides pour leurs baguettes magiques. Les sourciers utilisent, entre autres, des branches de noisetier (coudrier),  pour découvrir des sources d’eau.

Hermitage castle - EcosseCertains puits sont maintenant scellés par une grille, enfouissant ainsi un passé révolu mais une part de mystère persiste, que l’imaginaire tente de percer quant à la construction de ce puits, aux gens qui sont venus y puiser de l’eau et aux légendes qui y sont rattachées.

Que dire des « Puits de la sagesse » issus de mythes qui renfermeraient sagesse et intelligence.  C’est le puits de Mimir personnage de la mythologie nordique, représentant la sagesse,  décapité mais dont  Odin (dieu du savoir, de la victoire et de la mort), pour obtenir ses conseils, ressuscita la tête, en échange de son œil droit. Mais c’est aussi une légende « la sagesse du vieil âne tombé au fond du puits » que le fermier a tenté d’ensevelir en bouchant le puits, mais l’âne a chaque pelletée s’est secoué pour ôter la terre qui tombait sur son dos et monter dessus et sortir ainsi du puits. C’est la sagesse de ne jamais abandonner quand on est au fond du trou en  se secouant pour avancer.

 

De plus il existe différents types de puits en fonction de leur usage: puits de forage, de mine, de carbone, de lumière etc…

Paris - Puits artésien de la Butte aux Cailles - source petit-patrimoine.comLe puits artésien où l’eau jaillit, est l’exsurgence spontanée formant un puits, mais c’est aussi un ouvrage qui consiste en un forage pour puiser de l’eau directement dans la nappe phréatique, au niveau de  tous types de sols (imperméable ou roc solide). Il peut être très profond et il est moins vulnérable aux contaminations bactériennes que d’autres ouvrages de collecte d’eau souterraine. De nombreux puits artésiens sont apparus à Paris intra-muros et alentour à partir de 1830 (durant tout le XIXème siècle et début du XXème), dus aux progrès des techniques de forage et la volonté de fournir une eau saine à bon marché aux habitants. Ces eaux souterraines profondes peuvent être chaudes notamment utilisées en géothermie.

 

Le puits de carbone est un réservoir qui absorbe le carbone atmosphérique par un mécanisme naturel ou artificiel (forêts, tourbières, océans…) et contribue à en  diminuer la concentration atmosphérique.

Le puits canadien, appelé  aussi provençal ou climatique, sont des procédés géothermiques pour rafraichir ou réchauffer l’air ventilé dans une habitation. Le puits de lumière est un système de loupe et de miroir qui restitue la lumière du jour en une source lumineuse pour éclairer des pièces sombres ou aveugles. Le puits de mine, pour les ressources minières,  sert aux installations de forage, à l’extraction de minerai, sel gemme etc…, au déplacement des ouvriers, à l’aérage. Le puits de pétrole est utilisé pour l’exploitation des gisements de pétrole. On retrouve ce mot puits dans la marine (puits aux chaines, de dérive, de marée), en gastronomie comme  le puits d’amour qui est une pâtisserie à base de pâte à chou ou pâte feuilletée, mais aussi en géologie, en architecture et c’est aussi un terme de guerre (trou creusé au devant d’un retranchement pour faire tomber l’ennemi). En résumé ce mots appartient à bien des domaines. Il est fait référence aussi dans différentes religions.

Venise

 

Il trouve aussi sa place dans bien des expressions ou proverbes. « La vérité au fond du puits » est difficile à découvrir. On peut duper quelqu’un en « lui montrant la lune dans un puits ». « Ce qui est tombé dans un puits » est oublié. « L’homme qui est un puits » est discret et ne révèle pas ce qu’on lui a confié et si  c’est « un puits d’or » c’est qu’il est extrêmement riche. On peut être inutile « en tombant dans un puits sans fond ». je ne suis pas « un puits de science ou d’érudition »  mais j’ai « puisé » toutes ces données sur internet qui est « un puits de connaissances ».

Je vais terminer par une poésie de Théophile Gautier « le puits mystérieux »:

Un Art de VieÀ travers la forêt de folles arabesques
Que le doigt du sommeil trace au mur de mes nuits,
Je vis, comme l’on voit les Fortunes des fresques,
Un jeune homme penché sur la bouche d’un puits.

Il jetait, par grands tas, dans cette gueule noire
Perles et diamants, rubis et sequins d’or,
Pour faire arriver l’eau jusqu’à sa lèvre, et boire ;
Mais le flot flagellé ne montait pas encore.

Hélas ! Que d’imprudents s’en vont aux puits, sans corde,
Sans urne pour puiser le cristal souterrain,
Enfouir leur trésor afin que l’eau déborde,
Comme fit le corbeau dans le vase d’airain !

Hélas ! Et qui n’a pas, épris de quelque femme,
Pour faire monter l’eau du divin sentiment,
Jeté l’or de son cœur au puits sans fond d’une âme,
Sur l’abîme muet penché stupidement !

 

 

« Ensorcellement »

Sorcière - Aquarelle

 

Sorcière N°1Il était une fois, il y a plus de 25 ans,  mon regard de maman s’est porté sur une petite sorcière qui fut « adoptée » et devint le préambule d’une longue collection. C’est ainsi que la magie a opéré dans la recherche de nouvelles  sorcières de plus en plus  originales, avec une certaine singularité et avec l’enrichissement de sources extérieures. Puis quand  l’enfant a grandi, ses goûts ont changé, naturellement elle a quitté  un jour le cocon familial emportant quelques souvenirs matériels auxquels elle était attachée (quelques sorcières et notamment cette petite sorcière qui a initié la collection), laissant le reste derrière elle, dans son ancienne chambre. C’est ainsi que je suis devenue la « conservatrice » de ces sorcières collectées au fil des jours, avec chacune leur histoire.

Mais je ne suis pas la seule gardienne en ces lieux:Mimi et Sorcière

Avant d’explorer ce thème, je vais cheminer un instant dans la collection, avant de poursuivre mes recherches sur l’histoire des sorcières.

Sorcière - MuranoCertaines sorcières, « naufragées » d’une inondation lors d’un déménagement, ont disparu, ont été abimées  voire cassées. La tentative de la percée d’Halloween en France (mais qui n’appartient pas à notre culture festive) avait permis d’enrichir la collection avec de nombreuses statuettes et des sorcières en tissu. Certaines sont exposées dans une vitrine, d’autres prônent sur des étagères ou sur des meubles, certaines dorment dans un tiroir ou restent cachées…

Je fais un petit « encart » pour la fête d’Halloween, dont j’ai trouvé l’historique lors de mes recherches sur les sorcières. C’était le jour de l’an païen, fêté le 1er novembre dans les pays celtiques, fête de Samhain, dieu de la mort. La croyance voulait alors que lors la nuit précédente, les esprits des morts et ceux issus des fairies (nains, lutins, gnomes, fées, démons, sorcières…) venaient se mêler à ceux des vivants. Ainsi pour conjurer ces sortilèges, les anciens allumaient de grands feux et avaient coutume de danser et rire pour vaincre leur peur.

 

Sorcières endormies dans un tiroir

Que d’étagères « habitées » par ces sorcières où s’accroche la poussière, de quoi cauchemarder quand il faut faire le ménage!!!

 

 

Collection de sorcières

 

 

Certaines ont une vraie originalité pour faire voyager l’imaginaire d’un enfant (balai-moto, montgolfière)…

 

Lors de voyages ce n’était pas toujours aisé de découvrir une sorcière typique ou insolite que ce soit un troll (en Norvège), une statuette en bois et une bouteille (Allemagne, Suisse), ou en verre (Murano), une poterie, des photos et une carte postale d’une montagne « schlafende Hexe » (sorcière endormie) à Berchtesgaden (Allemagne)….

 

 

Sorcière dite "Noélia"Beaucoup de sorcières ont été des cadeaux (anniversaires, Noël, fêtes…). C’est leur diversité, les souvenirs attachés à certaines et  toutes les personnes qui se sont prêtées au jeu… qui en ont fait la richesse. C’est ainsi qu’au fil des années beaucoup de sorcières classiques en tissu, en ont rejoint d’autres sous formes différentes: couverture, montre, broches, marionnettes, horloges, auto-collants, dentelle, tampons, bougies, pâte à sel, poteries (dont l’une avec une clochette), tirelire, abat-jour, boule de neige…

 

 

 

Sorcière - Couverture

 

 

Sorcière - Horloge

 

 

La liste des différentes sorcières  est longue et je ne vais pas toutes les présenter…

 

 

 

Sorcière - TissuCertains sont des gentilles et jolies sorcières, d’autres fantaisistes, enfin il y a les vraies vilaines sorcières!!!

 

 

 

Et je continue!!!

 

 

 

 

Le temps est venu de tourner une page de vie, de ranger alors une  grande partie de cette collection  dans un carton et de penser que  peut-être un jour elle retrouvera une seconde vie. Je vais maintenant rentrer dans le vif du sujet « la sorcière » en essayant de répondre à cette question pourquoi un tel engouement, envoutement ou « ensorcellement »? Est ce pour exorciser un passé où les sorcières ont été les victimes d’un obscurantisme et martyrisées? Est ce pour les réhabiliter?

Sorcière - BienvenueClassiquement la sorcière, au nez crochu et au chapeau pointu, laide et vieille, chevauche son balai pour se déplacer, accompagnée de son chat noir. Elle vit dans un manoir, avec son chaudron et ses potions magiques (utilisant crapauds, araignées, serpents…). Elle est le symbole du mal, présente dans la littérature enfantine, mais loin de la réalité historique et du stéréotype médiéval. Comme les fées et lutins, elle est un personnage imaginaire de nombreux contes et livres pour enfants, tantôt bonne qualifiée de « magicienne » à l’image d’une fée, ou tantôt mauvaise » c’est la sorcière ». C’est la dualité entre le bien et le mal. On retrouvera cette dualité dans une série TV de mon enfance « ma sorcière bien-aimée » (avec Samantha la gentille qui jongle entre modernité et tradition et Endora sa mère qui jette des sorts sur son gendre). Ce monde des sorciers – sorcières est vaste où magie et sorcellerie captivent beaucoup  de fans de livres, d’images, de jeux de rôle et de films (comme Harry Potter). Ce mythe de la sorcière s’empare de l’imaginaire et séduit du fait de sa grande part de mystère et des mythes et légendes perdurant depuis des siècles.

Sorcière - TissuApparue a Moyen Âge en Occident, la première mention de « sorcière » remonte au XIème siècle. Au départ avec leurs connaissances des plantes médicinales, elles étaient considérées  comme des guérisseuses. Puis au moment de l’Inquisition vers 1231, l’église les traita comme des créatures démoniaques qui ont fait un pacte avec le diable. Un amalgame a été fait entre magie noire et sorcellerie. Il ne fallait pas avoir des « signes du démon » comme des malformations, des difformités, des marques de naissance, des grains de beauté, être roux, bossu, albinos, borgne etc… Tout était prétexte à accuser de sorcellerie quiconque avait un visage repoussant, un comportement bizarre, asocial,  ou était sujet à une rumeur.

Un vent de folie a soufflé. Une peur était omniprésente (épidémie, famine, maladie, catastrophes naturelles, guerre …) avec la propension à  en trouver des explications dans des maléfices et des superstitions (avec la magie et la sorcellerie), du fait de l’ignorance des causes, avant que la science ne puisse en faire la lumière. Il fallait des boucs émissaires. Les sorcières ont été pourchassées, persécutées pendant des siècles, torturées et brûlées sur des bûchers, voire écartelées et noyées. Le procès par immersion:  en Écosse, on attachait ensemble les pouces et les doigts de pieds de la suspecte (assise sur un tabouret) avant de la plonger deux fois dans l’eau. Si elle coulait et se noyait, elle était jugée innocente. Si par chance -rarement- elle survivait à la noyade elle était jugée coupable puis était brûlée. La sorcière la plus connue en France est Jeanne d’Arc qui après avoir sauvé la France, fut accusée d’hérésie, de sorcellerie et fut brûlée.

Malleus maleficarum - source WikipédiaLes juges des tribunaux (que des hommes) dans une société patriarcale, ne faisaient pas preuve d’impartialité, les procès étaient arbitraires,  sur simple délation. Ce fut une période d’intolérance (avec ses fanatiques) où haine, jalousie, rancune etc… fomentaient des fausses accusations et conduisaient à des tortures pour faire avouer, des mutilations, puis des exécutions. Les inquisiteurs agissant au nom de la papauté, disposaient d’un terrible manuel de base pour « la chasse aux sorcières » (paru en 1486 suivi de 34 rééditions jusqu’en 1669!!!), appelé « Malleus maleficarum » (Marteau des sorcières), écrit par des auteurs très perturbés, pervers. Il est responsable de la mort de milliers d’innocents, en majorité des femmes (3 personnes sur 4 envoyées au bûcher étaient des femmes). Une paranoïa diabolique s’était emparée de l’Europe et l’Amérique. Ce fut une période sombre, sanglante et sadique de notre histoire. Les féministes définissent cette traque aux sorcières comme un « gynécide » (élimination des femmes, moins considérées que les hommes, pour des raisons morales ou religieuses).

Ainsi à Keith et Forres, en Ecosse, on peut lire ces inscriptions: « from Cluny Hill witches were rolled in stout barrels through which spikes were driven. Where the barrels stopped they were burned with their mangled contents. » (des sorcières de Cluny Hill ont été roulées dans des barils robustes à travers lesquels des pointes ont été enfoncées. Là où les tonneaux se sont arrêtés, ils ont été brûlés avec leur contenu mutilé). J’ai été assez éprouvée  lors de mes recherches avec la lecture d’autres actes de torture, barbarie  extrême.

Lors de nos séjours en Écosse nous avons vu plusieurs pierres en hommage à la dernière sorcière brûlée en ces lieux comme à Elgin ou Dornoch.

 

La chasse aux sorcièrex n’a pas sévi qu’en Europe, car au milieu du XXème siècle aux États Unis, cette expression « la chasse aux sorcières »  a été reprise par Arthur Miller (au moment du maccarthysme) en comparaison avec l’épisode des sorcières de Salem au XVIIème siècle. Elle désigne une persécution généralement injuste (organisée par un gouvernement contre des opposants). Pour Salem (1692), différentes théories (sociales, commerciales, religieuses…) tentent d’expliquer les causes d’hallucinations massives hystériques, liées au sectarisme religieux évoquant des forces démoniaques, conduisant à un massacre. Une cause, entre autres (comme un phénomène climatique), évoque une contamination des céréales à l’ergot de seigle (champignon dont est dérivé le LSD), entraînant une symptomatologie d’intoxication.

La représentation des chevauchées sur un balai reste  sujet à discussion. La sorcière est définie comme une personne maléfique, ayant fait un pacte avec le diable et se rendant à des réunions nocturnes dites « sabbat » pour exécuter des rites diaboliques pour obtenir un certain pouvoir. Je ne vais pas rentrer dans tous les rites de la sorcellerie avec magie noire, magie blanche… Mais voici quelques vers du poème de Robert Desnos « L’amour tombe des nues » pour atténuer les propos antérieurs:

Un samedi du moyen âge
Une sorcière qui volait
Vers le sabbat sur son balai
Tomba par terre
Du haut des nuages
Ho ho ho madame la sorcière
Vous voilà tombée par terre…

Pour conclure je referme cet article avec en tête toutes ces scènes d’atrocité, de supplice, de torture, que j’ai découvertes durant le parcours de mes recherches. J’ai l’impression que la réalité de « chasses aux sorcières » est toujours d’actualité avec ce fanatisme et ce sectarisme ambiants qui tendent à éliminer les indésirables, les « hors-normes » (ne répondant pas aux critères de normalité sociale et culturelle ou d’éthique de la société), les mécréants… L’histoire est sans cesse un recommencement ou la poursuite inéluctable du côté sombre et intolérant de certains êtres humains…

 

Bâtir un pont

Ecosse - The Hermitage

Je continue mon parcours en prenant la voie des ponts et passerelles. C’est avec des citations qui restent d’actualité  que je débute cet article:

« Les gens construisent trop de murs et pas assez de ponts. » Isaac Newton

« Les gens se sentent seuls parce qu’ils construisent des murs au lieu de ponts. » Joseph Ford Newton

Le pont, moyen de communication, peut être comparé à un important trait d’union reliant les gens d’une rive à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un site à l’autre…

 

Ce sont aussi des petits ponts en pierre, surgis au détour d’un chemin, noyés dans la végétation, enjambant une petite rivière, ou passerelles isolées en pleine montagne.

 

Suisse

 

Ecosse - AberfeldyDepuis longtemps les ponts exercent un intérêt notoire, d’ordre pratique car ils facilitent les passages, communications et transports, et d’ordre artistique selon leur conception, architecture,  sculptures, ornements et matériaux utilisés (pierres, métal, béton armé, bois, cordes, voire racines…). Tout ceci explique leur grande diversité et l’attrait qu’ils exercent pour les promeneurs et l’œil du photographe.

RomeQu’ils soient petits ou majestueux voire grandioses, qu’ils soient anciens ou modernes, qu’ils surplombent une rivière, un fleuve, la mer, une route, une voie ferrée ou une vallée, ils fascinent tout autant. Il suffit de voir sur internet la multitude de photos des plus beaux  ponts du monde.

 

 

 

Glen Shiel - EcossePour moi un petit pont en pierre authentique en pleine nature a autant d’intérêt qu’un grand pont  contemporain dont on peut  admirer les prouesses techniques et le gigantisme (comme en Asie avec des ponts maritimes de plus en plus longs au delà de 30Km). Mais une prouesse technique différente se retrouve aussi dans l’antiquité, comme le pont aqueduc romain du Gard (à 3 niveaux) qui a traversé bien des siècles et fascine toujours les gens.

« La conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir. »  Henri Bergson

Il existe aussi un attrait photographique pour tous ces ponts qui permettent d’accéder aux châteaux isolés sur leur île et ces ponts-levis des châteaux forts. Ils entrainent l’imaginaire vers un passé lointain.

« L’esprit du château fort, c’est le pont-levis. » René Char

 

 

SuisseLa classification des ponts est vraiment un domaine d’experts. Elle relève de différents critères: fonction, matériaux, structure, importance de l’ouvrage et selon différents autres critères… Mais ces classements se croisent entre eux et forment des subdivisions. Pour résumer, la classification selon la fonction comprend: des ponts-routes ou autoroutes, ponts ferroviaires,  passerelles (pour piétons et 2 roues), aqueducs (avec une canalisation d’eau), ponts-canal (portent un canal), ponts-avions comme à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle (qui surplombe l’autoroute, pour permettre aux avions de franchir la route), écoducs (pour aider des animaux de franchir des obstacles).

 

Prague - Pont CharlesLa classification selon leur structure, la conception architecturale,  comporte 5 types: en arc (avec une seule arche), à voûtes, à poutres, à haubans et suspendus. Les ponts voûtés, appelés pont en maçonnerie ont été longtemps construits en pierre. Le métal et béton sont maintenant utilisés. La voûte  présente des formes différentes (demi-cercle ou arc de cercle, ogive, ellipse). Les ponts à poutres désignent ces ponts dont l’élément porteur est une ou plusieurs poutres droites comportant forme et matériaux différents (métal, béton armé, béton précontraint, bois, fibre de carbone). Les ponts suspendus comportent des tabliers en béton ou en acier et des éléments porteurs: suspentes, câbles, pylônes. Les ponts à haubans présentent aussi un tablier en béton ou en acier et des éléments porteurs: pylônes en acier ou en béton et câbles inclinés.

Suisse - Lucerne

 

 

Croatie

Croatie

 

Pont de l'Ile de Skye - Ecosse

 

Viaduc Leaderfoot - Ecosse

Venise - Pont des soupirsLa classification selon la nature comporte des ponts fixes et mobiles (ponts dormant, levant, flottant, volant, à bascule, tournant, transbordeur, tubulaire, pont-levis …), transitoires et habités. On trouve aussi les classifications selon la taille et selon la brèche franchie (sa taille et sa nature terrestre ou maritime).

 

 

 

Fairy bridge - île de Skye - EcosseJe suis très admirative face à la beauté et l’élégance du viaduc de Millau et sa prouesse technique. Je me sens aussi attirée par les petits ponts en pierre et leur légende (comme le fairy bridge en Écosse).

C’est aussi la passerelle, durant mon enfance, qui permettait de franchir la rivière du moulin de mon grand-père.

 

Passerelle - Breuchin - Moulin de Ste Marie en Chanois

 

J’ai aussi une chanson enfantine en tête

Sur le pont d’Avignon,
On y danse, on y danse,
Sur le pont d’Avignon
On y danse tous en rond

mais depuis le temps a passé (« l’eau a coulé sous les ponts »). Je suis aussi séduite par tous ces ponts et passerelles dans les villes, chargés d’histoire qui ont un nom, une authenticité (comme à Paris où 37 ponts enjambent la Seine et 49 passerelles piétonnes, sans compter tous les autres ponts utilisés par la SNCF, RATP et sur le périphérique;  Venise avec plus de 400 ponts reliant 124 îlots, Rome, etc…). Ces ponts ont vu défiler les années martelés par des pas, des sabots et des roues et restent  admirés, filmés, photographiés maintes et maintes fois.

Paris - Pont des Arts

 

 

Rome

 

Venise

 

 

Burano

 

Le mot « pont » se retrouve aussi dans la mécanique automobile (avec ponts avant et arrière: organes de transmission du moteur aux roues) et la réparation et l’entretien d’un véhicule (avec pont élévateur ou pont de graissage),  sur les bateaux (ponts principal, supérieur, inférieurs), et des porte-avions (pont d’envol). Faire le pont est une figure d’acrobatie (gymnastique, lutte) et aussi ne pas travailler entre des jours fériés et un week-end. On utilise aussi ce mot dans le domaine aéronautique (pont aérien) quand les transports maritimes ou terrestres ne sont pas opérationnels ou trop lents, de même dans le domaine sportif au football ( avec grand pont et petit pont ou actions de faire passer le ballon), voire dans le domaine des jeux de cartes (faire le pont: courbure d’une carte réalisée par un tricheur de sorte que l’adversaire coupe à cet endroit). Autrefois terme aussi  utilisé par des tailleurs « pantalon à pont » pour le panneau avant d’une culotte ou d’un pantalon (qui était la partie antérieure qui se boutonnait à droite et à gauche ou pouvait s’abaisser). On le retrouve en terme d’anatomie, de biologie, de chimie, de chirurgie mais aussi de théâtre, d’électricité, de musique (transition entre 2 thèmes), d’horlogerie (pièce d’une montre ou pendule portant le pivot d’une roue). Le Littré définit aussi avec ce mot la base des tuyaux d’orgue et une des anses d’une cloche (à laquelle les autres vont se joindre par le haut). On retrouve aussi ce mot dans beaucoup d’expressions comme  « le pont aux ânes » (représente une banalité, une chose facile que tout le monde sait ou peut faire), « couper les ponts », « faire un pont d’or à quelqu’un », « couper les ponts », « finir sous les ponts », « être sur le pont » (à son poste)….

 

Ecosse - Beddgelert bridge

 

Le pont se retrouve aussi dans des citations, voire des poèmes. J’ai trouvé un passage littéraire d’Arthur Rimbaud: Les ponts- Illuminations

 Arthur Rimbaud« Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de dômes, s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes publics ? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. – Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie ».

Je vais terminer par une autre citation du peintre Eugène Delacroix:

« Dans la peinture, il s’établit comme un pont mystérieux entre l’âme des personnages et celle du spectateur ».

Ecosse - Île de Skye - Pont de Sligachan