Abécédaire

Rimbaud-Voyelles-caricature de Manuel Luque-source wikimédia

Passionnée par tout ce qui a trait à la couleur, après « Un Art de Vie » je voulais reprendre une alliance plume-pinceau  pour réaliser un Abécédaire des couleurs. Mes recherches avant d’aborder mes premières esquisses ont ouvert 2 voies: l’origine des abécédaires et un poème d’Arthur Rimbaud « Voyelles ».

Livre Lettres et Merveilles

Un abécédaire est un moyen visuel ancien, déjà évoqué longtemps avant l’invention de l’imprimerie, très répandu du XV au XIXème siècle. Il est alors en bois, en plomb, en fer, voire en argent dans des familles nobles mais aussi en ivoire, en os… puis avec l’essor de la papeterie et de l’imprimerie il s’écrit sur du papier, du carton, dans des livres. L’imagination est infinie car on le retrouve aussi sous forme de pain d’épice.  Il a aussi sa place dans la broderie. Il  représente les majuscules et les minuscules voire des combinaisons de voyelles et consonnes. Sur d’anciens « hornbooks »on retrouve aussi des chiffres romains et arabes.

Il  comporte l’ensemble des symboles d’un alphabet, destiné à la jeunesse pour l’apprentissage de l’écriture et de la lecture. Il est à la fois ludique, illustré de dessins ayant trait à l’univers des enfants (jouets, animaux, contes, nature, fleurs…). Il peut s’inscrire aussi dans une démarche  plus instructive (histoire, géographie, art…). Il comporte des syllabes, des mots, des petites phrases, des textes… Avec l’illustration en couleur, l’abécédaire est en fait un alphabet illustré. Mais la musique offre aussi son abécédaire avec l’alphabet de Mozart et  comptine pour enfant.

Les imprimeurs et typographes utilisent des abécédaires pour  voir le rendu d’une police de caractères (lettres, chiffres…), avec souvent un pangramme qui est une phrase ayant la caractéristique de contenir toutes les lettres de l’alphabet, même si elle peut n’avoir aucun sens, comme « Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume » ou pour Windows « Voix ambiguë d’un coeur qui au zéphyr préfère les jattes de kiwis ».

Arthur Rimbaud

Alors que j’étais adolescente, j’ai vu un jour une exposition sur Rimbaud avec des tableaux modernes qui illustraient son poème « voyelles », écrit en gros caractères. J’ai fui tellement j’ai trouvé cela laid et absurde.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Puis j’ai repris ce poème avec un autre regard, d’adulte, et j’ai cherché les analyses qui en ont été faites et qui ont fait couler beaucoup d’encre. Les  interprétations en sont nombreuses. L’énumération des voyelles avec le O final et non le U (A-E-I-U-O) rappelle le O de Oméga dernière lettre de l’alphabet grec avec le A de Alpha la 1ère lettre. Rimbaud invente la couleur des voyelles sans logique. Il y associe des impressions visuelles, tactiles, olfactives, auditives et des tableaux qui évoquent illuminations et hallucinations.

Les couleurs évoquent  des sensations, pour le noir: saleté, nuit, cruauté, mort, pour le blanc:  pureté, innocence, légèreté, pour le rouge:  lèvres mais aussi  violence avec le sang, excès avec la colère et les ivresses, pour le vert:  paix et  sérénité, pour le bleu: le divin, le ciel, avec ange  et clairon, quant au violet (situé au bout du spectre des couleurs) il termine ce poème et évoque un regard perçant (d’une femme?).  Le poème peut suggérer un cycle de la vie en commençant avec le noir, le néant d’où va surgir la lumière le blanc qui contient toutes les couleurs (cf. décomposition de la lumière blanche au travers d’un prisme). Ainsi le  E  suggère la naissance, l’enfance avec la candeur, le I l’âge de la maturité avec des excès, le U la vieillesse avec la sagesse et la paix, et le O les cieux.

Un abécédaire dans son enfance, quand il apprenait à lire,  l’aurait peut-être influencé dans le choix de ses couleurs où à chaque lettre correspondait une image. On évoque aussi un reflet d’un enseignement musical où à la couleur des notes était associé le son d’une voyelle. Certains ont même une interprétation érotique de ce poème… A chacun d’y trouver son ressenti ou son rejet.

Ce qui est passionnant dans l’écriture d’un article ce sont les recherches sur internet ou dans des livres, qui montrent l’étendue infiniment grande des connaissances actuelles. C’est un univers  où on se perd et plus on avance, plus on a l’impression de ne rien savoir. C’est le constat qu’une vie entière sera à une année lumière de pouvoir étudier toutes ces « ressources » pour les centres d’intérêt choisis…

En « connexion-collections » avec les livres

Serre-livres-Don Quichotte et Sancho Panza

Comme mon livre va bientôt paraître je vous entraîne dans un monde de collections centrées sur les livres.  Il y a d’abord eu les signets qu’ils soient publicitaires pour des livres, des maisons d’éditions, des enseignes… mais aussi lors d’expositions ou de visites de musées, de châteaux ou de sites historiques… avec la reproduction de tableaux,  sculptures ou autres. Mais cette collection a été en partie détruite emportée par une inondation.

 

Je continue cette balade autour de ce thème, par une statue en bois, représentant « le Rat de bibliothèque » d’après le tableau de Carl Spitzweg, peintre allemand du XIXème siècle, que j’apprécie. Grand artiste à qui on attribue plus de 1500 dessins et peintures et dont « Le pauvre poète »  représente aussi une œuvre majeure en Allemagne.

Carl Spitzweg-Le pauvre poète

Cette statue venant de Brienz en Suisse (qui a son école de sculptures en bois) a marqué le début d’un attrait pour des reproductions ou figurines en relation avec les  livres. Mais aujourd’hui je ne vais pas « ouvrir ce chapitre ».

 

Je vais plutôt m’arrêter sur un aperçu de tous les serre-livres accumulés au cours des années, lesquels pour la plupart sont des cadeaux. Et oui quand on a une âme de collectionneur, un jour on ouvre une brèche  sur un nouveau centre d’intérêt et on s’y engouffre. Mais ces serre-livres occupent plus de place que des signets, ils attirent la poussière et la modération devient alors la règle…

D’abord l’Écosse avec ses légendes, ses phoques, ses abbayes…

 

Puis serres-livres chats qui font partie de la grande collection-chats!!!

 

On continue avec la série art celte, lutins…

Coin lecture.

Serre-livres- Coin lecture

 

On se cherche.

 

Coin jeunesse.

Les modernes.

Divers.

 

 

L’un de mes préférés est Don Quichotte et Sancho Panza en bois.

 

Enfants  nous étions dans l’attente de nouvelles images , d’écussons, des figurines de toutes sortes… trouvés dans des paquets de café, chocolat, lessives…voire dans des stations à essence, sans compter les pin’s, les porte-clés. Que de collections accumulées mais qui ont disparu peu à peu au fil du temps, lors de déménagements ou simplement de rangements, voire d’une inondation et c’est ainsi que nous avons perdu plusieurs centaines de livres. De plus en  grandissant notre âme d’enfant s’évade et le regard se  porte sur d’autres objets, d’autres centres d’intérêt. Mais la passion des beaux livres demeure.

La vie en couleurs

Pastel

Quelle richesse actuellement dans le choix des couleurs pour le peintre, qu’il soit amateur ou professionnel, que ce soit dans le domaine artistique (graphistes, illustrateurs, coloristes, peintres…), ou dans la décoration, la rénovation… C’est un vaste domaine: peintures à l’eau ou à l’huile, peintures acryliques ou aquarelles, pigments naturels ou de synthèse, pastels, peintures à la chaux, encres… Le choix est très vaste et adapté en fonction des techniques et travaux réalisés. Nous avons maintenant une palette infinie de toutes les couleurs et de différentes textures, véritable aubaine actuellement pour combler l’imaginaire de tous les artistes. Je pense souvent aux grands peintres d’antan qui n’avaient pas tout notre matériel actuel et qui ont cependant réalisé des chefs-d’œuvre. Mais d’autres peintures se sont dégradées comme « la cène » de Léonard de Vinci faute de base protectrice.

J’ai abordé ce thème des couleurs dans des articles précédents, illustrés avec beaucoup de dessins, de peintures et de photos. Depuis longtemps je me passionne pour les couleurs,  que ce soit en voyage, au travail,  ou à la maison (devant mon chevalet ou avec des peintures de portes), dans mes carnets de voyages et de dessins. De même l’appareil photo permet de capter et immortaliser la beauté colorée et vivante qui nous entoure, changeante selon le temps et les saisons… quel outil fabuleux que nos ancêtres ne possédaient pas!

Nuancier-Aquarelle

Ma couleur préférée reste le bleu, plus particulièrement le bleu outremer. Il est le pigment du bleu Klein. Autrefois il était obtenu à partir du broyage d’une pierre le lapis-lazuli, il était alors rare et cher, très prisé jusqu’au XIXème siècle. Maintenant synthétique il se décline dans différentes nuances clair, foncé, nuance verte, violet d’outremer. Il existe bien d’autres bleus (cobalt, phtalo, de Prusse, manganèse, indigo…).

J’aime aussi les camaïeux, ces réalisations reposant sur les dégradés d’une même couleur. J’ai beaucoup utilisé aussi les couleurs « terre » (terre de Sienne, terre d’ombre brûlée et naturelle, ocres…).

Nuancier-crayons aquarelleJ’ai découvert un jour les crayons de couleur aquarellables pour les esquisses en voyage, car avec un petit pinceau  on a un certain « rendu aquarelle », avant de concrétiser un tableau final. De même les crayons pastel sont à découvrir et toute la gamme de crayons pour dessins et esquisses (sépia, sanguine, fusain, crayon graphite…).

 

 

 

Esquisse

 

Quel plaisir de « croquer » rapidement soit des gens à leur insu, concentrés sur leur lecture, ou en train de dormir… soit des modèles statues ou autres, dans des musées,  des jardins, des bâtisses… Mais n’importe quel sujet en pleine nature ou en ville peut aussi être intéressant pour  une esquisse rapide.

 

Longtemps après avoir fait mes premiers pas dans la peinture avec la gouache et la peinture à l’huile, je me suis tournée vers  l’encre, le pastel et  l’aquarelle. Le pastel sec, sous forme de bâtonnets composés de pigments minéraux ou organiques, offre toute une vaste gamme chromatique. Il a connu son âge d’or avec l’art du portrait au VIIIème siècle (M. Quentin de La Tour surnommé « le Prince des pastellistes » ). Beaucoup d’artistes ont adopté cette technique dans leur parcours artistique (comme E.Degas, Toulouse-Lautrec…). Les papiers pastels utilisés sont de différentes teintes,  choisis en fonction du sujet et du goût de l’artiste pour jouer avec les couleurs et faire ressortir les contrastes. Des estompes permettent d’étaler le pastel, ce qui pour certains dénature le pigment, mais ce que je trouve passionnant aussi c’est d’estomper au doigt, directement sur le papier, pour lier les couleurs et obtenir un certain flou.  Au final une fine couche de fixatif (comme de la laque) permet de fixer les pigments sur le support, ce que certains n’utilisent pas trouvant qu’il en atténue le rendu des couleurs.

Pastels-Lubéron

J’ai ainsi débuté sur des carnets de voyage malheureusement pour la plupart disparus dans une inondation.

 

J’ai continué quand j’ai repris l’étude du dessin avec le portrait.

 

 

 

Clown-pastel

Et il ne faut pas se prendre au sérieux!!!  Pour moi l’important est de prendre plaisir à concrétiser ses aspirations artistiques et de  faire partager ces petits moments de vie, dessinés, peints ou photographiés…

 

 

 

 

 

« Plancher » sur les vaches!

Tel est le « sujet de texte » de cet article…

Suisse

 

Beaucoup d’expressions françaises se rapportent au mot « vache ». L’expression péjorative « peau de vache » pour une personne méchante et sournoise, surtout investie de l’autorité, s’apparente à l’attitude placide d’une vache qui peut donner soudainement une ruade. Je préfère retenir plutôt la chanson plus poétique de G.Brassens:

Une jolie fleur dans une peau d’vache
Une jolie vache déguisée en fleur
Qui fait la belle et qui vous attache
Puis, qui vous mène par le bout du cœur

Que ce soit en France, en Suisse, en Allemagne, en Écosse… nous avons capturé plein de photos  « bovines », dont les peaux offrent des couleurs « vachement » variées, du blanc au noir, en passant par le gris et les couleurs « terre »: beige, sépia, marron…

Suisse

Dans les alpages, lors de randonnées, la sonorité des clarines, ces cloches en bronze au cou des vaches, s’est accordée à nos pas.

 

Durant plusieurs années en été, nous avons choisi des vacances à l’étranger chez l’habitant à la ferme. Expérience très intéressante sur le plan humain nous apportant aussi des connaissances sur l’endroit où nous étions et où nous avons goûté aux produits de la ferme. Nous avons perçu l’attachement des hommes pour leurs animaux et en leur donnant des prénoms. Notre fille a même « prêté son prénom » à une génisse qui venait de naître.

Dans une autre ferme, Hermann, « un vieux garçon »,  vivait seul avec son chien « Bäri », mais très à la pointe dans les nouvelles technologies d’énergie renouvelable, car depuis plusieurs années il profitait de son installation « le biogaz » pour le chauffage et l’eau chaude.

Bäri

Statuette en pierre  venant de ce village et prénommée pour la circonstance Hermann…

Hermann

En fait ce qui a surtout motivé cet article ce sont des vaches écossaises. Nous avons eu alors cette expression « oh la vache! » face à une « Black Belted Galloway », acère (sans corne). C’est l’une des plus vieilles races bovines écossaises,  noire avec une large ceinture blanche, parfois « red » (marron et blanche). Reconnue pour sa rusticité, sa longévité, elle vit en plein air et résiste à des températures jusqu’à -25°.

Black belted Galloway

Black belted Galloway

Certaines avec une petite « erreur génétique » non dénuée de charme!!

 

 

 

Une autre vache écossaise nommée « Highland » a pris place dans nos albums photos.

 

Elle ressemble à un « nounours », avec une couleur surtout brun-rouge mais aussi noire, grise ou blanche. Elle a un instinct maternel développé

 

Highland

 

Elle présente de longues cornes et une toison épaisse avec de long poils, doublée de poils courts formant un duvet, la protégeant des intempéries

 

 

 

La cohabitation avec les oies sauvages est fréquente.

 

Elle est originaire du nord de l’Écosse de la région des Highlands. Elle est rustique et robuste, adaptée à vivre dans des conditions climatiques rudes, plutôt calme et tranquille, d’une grande longévité  et c’est une excellente « débroussailleuse ».

Suisse

Nous avons assisté un jour par hasard à une vente de bétail dans un hangar avec des gradins. C’était une véritable scène de théâtre où se déroulait un grand jeu. Mais ce n’était pas facile pour nous simples profanes non initiés de suivre les règles du jeu. Nous sommes restés longtemps, amusés par ce spectacle. Le meneur des enjeux avait une voix monocorde chantante  que nous avons eu en tête tout le reste de la journée.

Je termine en vous précisant qu’il ne « pleut pas toujours comme vache qui pisse » en Écosse!!!

 

 

Cadran solaire

Sicile - Etna

Le cadran solaire est un objet fascinant, l’un des plus vieux instruments d’astronomie, de mesure du temps. Il sert à déduire l’heure solaire (en fonction de la projection de l’ombre d’un objet (le gnomon ou le style) sur un support gradué (la table du cadran). Le déplacement de cette ombre est lié au déplacement apparent du soleil dans le ciel reflet de la rotation de la terre. Cette heure solaire est différente de l’heure légale que nous lisons sur montres et horloges (fonction des fuseaux horaires, heures d’hiver et d’été). Il faut avoir recours à des corrections pour les faire coïncider.  L’équation du temps résulte de 2 effets qui s’additionnent: l’orbite elliptique de la terre autour du soleil et l’axe incliné de rotation de la terre sur elle-même, de plus la vitesse de déplacement de la terre le long de son orbite n’est pas uniforme. C’est pourquoi la conception d’un simple cadran solaire est assez prodigieuse et relève de ces connaissances scientifiques.

 

Venise

Actuellement il a plus une utilisation décorative que scientifique, d’ordre pictural ou ornemental  (parfois véritable œuvre d’Art, sculpture…). Il en existe une multitude de formes, avec des tables planes le plus souvent mais pouvant aussi être concaves, convexes, cylindriques…Ils sont surtout muraux ou dans les jardins sur un socle, mais aussi  posés à même le sol.

Suisse

France - BourgogneArt de Vie

La fabrication de cadrans solaires (par les cadraniers) se nomme la gnomonique qui connut son apogée au XVIII ème siècle

Art de VieUne devise orne souvent le cadran et celle que je préfère est « Carpe diem »  tirée d’un poème de Horace (jouis de l’instant présent: « Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain ») et citée dans un film « Le Cercle des poètes disparus » . Ce symbolisme est repris dans le poème de Ronsard « Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie »  et que j’ai voulu appréhender dans mon livre « un Art de Vie » .

 

 

 

Et je ne me lasse pas de photographier des cadrans solaires, tous différents…