Quand la lumière se répand dans la nature, celle-ci se pare de couleurs en une riche palette faite de nuances et de contrastes. Elle touche le regard mais aussi l’âme du spectateur qui se sent alors en harmonie avec elle et voudrait conserver ces moments colorés de grâce et de plénitude.
Qu’il soit artiste ou non, rêveur ou pas, qu’il soit écrivain ou poète, musicien ou compositeur, randonneur, photographe, spectateur… la nature dans toute sa beauté ne laisse pas indifférent, apportant une certaine vibration ou résonance intérieure.
« L’âme a la couleur du regard. L’âme bleue seule porte en elle le rêve, elle a pris son azur aux flots et à l’espace. » Guy de Maupassant
Le printemps est une saison riche en couleurs avec l’éclosion des fleurs et le réveil de la nature. Mais toutes les saisons ont leur « gamme » ainsi l’automne est flamboyant avec ses rouges, ocres, jaunes, oranges… La palette est différente en hiver et en été, c’est à chacun d’y trouver son ressenti, « des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter. »
Des escapades en Bourgogne et en Provence sont à l’origine de l’ouverture de ce nouveau chapitre sur les couleurs en voyage. L’étude des couleurs est un sujet passionnant dont je me suis emparée à plusieurs reprises mais qui ouvre toujours de nouveaux horizons. C’est ainsi que j’ai suivi la voie d’un article précédent sur le fil où j’ai suivi le « fil de mes pensées ». Je me suis alors orientée vers la recherche des expressions et citations pour la couleur, car je ne voulais pas rester devant « une page blanche » après ces quelques jours où « nous nous sommes mis au vert » (en allant nous reposer à la campagne). C’est impressionnant le nombre d’expressions ayant trait à la couleur et de citations de peintres et d’auteurs. Mais ce n’est pas facile de dire « rouge de colère », « vert de peur », ou « rire jaune » quand on veut « rêver en couleur ». J’ai alors suivi le fil de mes idées avec la couleur comme « un fil rouge » , non pas pour raconter « une histoire cousue de fil blanc », mais pour « marquer ces jours d’une pierre blanche » et les garder en mémoire. Je vais donc rester dans les couleurs locales, couleurs du temps. C’est l’objectif photo qui a permis de capturer toutes ces images colorées et lumineuses sous un soleil printanier. Je préfère « peindre » les couleurs avec des mots et des sentiments.
Ce sont d’abord des champs de colza, à perte de vue, qui ensoleillés, éclairaient la campagne. Puis ce sont des massifs de genêts qui illuminaient le paysage, avec leurs reflets d’or au soleil et des fleurs accrochées aux pierres. Non ce n’était pas « le péril jaune » mais des magnifiques « pages jaunes » qui s’offraient au regard.
En Provence l’imaginaire est rentré maintes fois dans le tableau des « coquelicots » de Claude Monet tant les coquelicots étaient répandus dans la campagne. Ce rouge intense donnait l’impression d’être sur une autre planète « une planète rouge »; non ce n’était pas Mars!!!
Pour Wassili Kandinski « le rouge agit comme une couleur débordante d’une vie ardente et agitée » et « le rouge chaud rendu plus intense par l’addition du jaune donne l’orangé. Le mouvement du rouge, qui était enfermé en lui-même, se transforme en irradiations et expansion ».
La nature offre aussi tout un nuancier étendu de verts dont le peintre peut en être « vert de jalousie ». Ceux qui aiment le vert et ont « la main verte » apprécient cet appel de la nature.
Le parcours des ocres du Lubéron est fascinant. Il dessine un véritable labyrinthe multicolore, flamboyant. Le panel des couleurs est riche (plus de 20 teintes d’ocre) allant du rouge, orange au jaune, contrastant avec les tons verts de la végétation. Le paysage est assez envoutant avec des falaises, cheminées de fée, buttes de sable. L’ocre colore le Lubéron depuis des millions d’années quand la mer s’est retirée et a laissé des massifs de calcaire devenu sable par l’érosion sous l’effet de pluies diluviennes. Elle est exploitée depuis l’antiquité. Son utilisation remonte à la préhistoire sur les parois de grottes (comme à Lascaux). Ce pigment naturel, résistant à la chaleur et au soleil, est utilisé dans la fabrication des crépis des maisons provençales, fait partie de la palette des artistes à toutes les époques et est présent dans des rituels en Afrique ou chez les Amérindiens… L’ocre a même été utilisé en médecine en Égypte pour ses propriétés apaisantes et cicatrisantes. Cet agent colorant est et a été utilisé en fait dans beaucoup de domaines.
Je termine par le superbe spectacle audiovisuel, haut en couleurs, de la « Cathédrale d’images » dans les « carrières de lumière » des Baux de Provence. C’est ainsi que nous avons été fascinés par le monde fantastique et merveilleux de Bosch, Brueghel, Arcimboldo et l’univers extravagant du cinémagicien Georges Méliès.
« Mieux que la technique, c’est la passion qui fait les artistes, ils peuvent être confiants: ils ont la passion féconde de la lumière, de la couleur et de l’harmonie.. » Paul Signac
« On se sert des couleurs, mais on peint avec le sentiment » Jean Siméon Chardin