Je ne suis pas une cavalière, mais regarder des chevaux paître tranquillement dans des pâturages est reposant. Comment ne pas être captivée par ces silhouettes qui se détachent un soir dans un coucher de soleil flamboyant! Ce sont ces images éphémères qui ont motivé cette nouvelle page.

 

 

 

 

Un cheval avait marqué nos jeunes années,  avec le feuilleton télévisuel Zorro et son cheval noir Tornado ou blanc Phantom. Ce sont ensuite tous les films de capes et d’épées, de cow-boys et d’indiens qui ont enchanté nos regards d’enfants avec ces galops, ces courses  poursuites. Ce sont aussi tous ces films pour enfants avec des noms qui résonnent encore:  Crin-Blanc, Flicka, l’Etalon noir…  Je me rappelle aussi un poème triste de Paul Fort chanté par Georges Brassens:

 

« La complainte du petit cheval »

Le p’tit cheval dans le mauvais temps,
Qu’il avait donc du courage !
C’était un petit cheval blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il n’y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage.
Il n’y avait jamais de printemps,
Ni derrière ni devant.

Mais toujours il était content,
Menant les gars du village
À travers la pluie noire des champs,
Tous derrière et lui devant.

Sa voiture allait poursuivant
Sa belle petite queue sauvage.
C’est alors qu’il était content,
Eux derrière et lui devant !

Mais un jour dans le mauvais temps,
Un jour qu’il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps,
Qu’il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps
Ni derrière ni devant.

 

Surgis des souvenirs d’enfant je revois un cheval à bascule, des manèges de chevaux de bois et un fer à cheval. Le cheval à bascule est un jouet qui  remonte au XVIIème siècle. Les premiers carroussels avec des chevaux de bois sont apparus en Europe en 1860. Initialement, dans l’empire Byzantin, les carrousels  se présentaient avec de véritables chevaux qui tournaient autour d’un piquet. Paul Verlaine en a fait un poème:

Tournez, tournez, bons chevaux de bois,
Tournez cent tours, tournez mille tours,
Tournez souvent et tournez toujours,
Tournez, tournez au son des hautbois….

 

Pour le fer à cheval porte-bonheur, il est de tradition  que celui-ci soit  trouvé par hasard sur une route et fixé sur une porte les branches vers le haut pour que « le bonheur ne tombe pas ». La superstition du fer à cheval, source de richesse, de force et de protection contre les mauvais esprits, est tirée de différentes légendes.  Quelqu’un qui trouvait un fer à cheval pouvait le revendre au forgeron du village et en tirer profit. Un mythe romain se rapporte aussi à Néron qui,  voulant montrer sa richesse, ordonna à ses forgerons de poser des fers en or à ses chevaux. Mais il arrivait que l’un des chevaux se déferre du fait de mauvaises techniques de pose et le fer faisait alors la fortune du  paysan qui le trouvait (vision peu réaliste du fait que l’or est un métal trop mou). Une autre légende concerne un forgeron Saint Dunstan (devenu archevêque de Canterbury au Xème siècle) qui cloua un fer à cheval sur le pied fourchu de démon. Afin d’en être libéré, celui-ci dut promettre de ne jamais rentrer dans une maison protégée par un fer à cheval.

Avant de poursuivre mes recherches dans ce monde du cheval, je m’arrête un instant sur notre parcours photographique. Au cours de nos voyages nos photos de chevaux en ont  rejoint bien d’autres dans les albums où la flore et la faune côtoient châteaux, abbayes, ports, phares… et une multitude de sites attirants, pittoresques.

C’est surtout l’Écosse qui nous a procuré le plus de photos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les petits chevaux d’Islande, très résistants au froid, ont retenu aussi notre attention.

 

 

Nous avons aussi assisté au magnifique spectacle du Cadre Noir de Saumur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et à une manifestation équestre en Écosse.

 

 

 

 

C’est aussi la « cohabitation » pacifique avec d’autres: moutons, oiseaux, ânes…

 

Le cheval se décline sous toutes les formes graphiques, peintures, sculptures. On le retrouve dans des livres et BD, dans  des films et des dessins animés…  Proche compagnon des hommes, il faisait partie à part entière de la vie courante autrefois, que ce soit dans les batailles, à la chasse, dans des activités de loisir ou des transports… Il est fait référence du cheval dans la mythologie, dans les légendes et symboles et dans beaucoup de cultures. On comprend l’attrait qu’il a toujours exercé sur les hommes.

Dans la mythologie, le cheval de Troie est une ruse, qui à l’initiative d’Ulysse, a permis aux guerriers grecs de pénétrer dans Troie, cachés dans un grand cheval en bois et de mettre fin à la guerre en abusant de la crédulité des Troyens. Ce fait a été relaté par Homère dans l’Iliade et l’Odyssée. Ce terme est repris en informatique pour désigner un programme malveillant, invasif et destructeur introduit dans un ordinateur.

Les légendes ont donné vie à un cheval blanc  mythique et fabuleux « la licorne ». Pour certains elle apparaissait indomptable, pour d’autre c’était un animal doux et paisible. Un dicton affirme son pouvoir bénéfique « quand la licorne apparait, le diable disparait ». Au Moyen âge elle était un symbole de pouvoir et de puissance, de pureté, de vérité et  de justice, une incarnation divine. On l’utilisa dans l’héraldique ( blasons, armoiries) et pour orner armes, casques….

On la retrouve dans beaucoup de tapisseries, notamment « La Dame à la Licorne », composée de 6 pièces, formant une allégorie aux 5 sens: toucher, vue, ouïe, odorat, goût,  et un 6ème sens avec cette devise « Mon seul Désir » le cœur? (tissée au début du XVIème siècle, exposée au Musée du Moyen-Âge de l’Hôtel Cluny à Paris). Les alchimistes véhiculaient en elle une image d’hermaphrodite. Dans la Chine ancienne elle était l’emblème de l’empereur, elle représentait un animal bénéfique. En Inde on lui attribuait un pouvoir magique. Sa corne, unique et torsadée, représentait un symbole de spiritualité, un pont entre deux mondes. On lui attribuait aussi des pouvoirs curatifs d’antidote aux poisons, de guérison de maladies et de blessures, et aussi de purification de l’eau… Au XVIIIème siècle la réalité de cette corne légendaire est « écornée » par la corne de narval (« licorne de mer »). Cet animal légendaire a inspiré et intéressé bon nombre de gens: peintres, poètes, auteurs, historiens, théologiens, psychologues, naturalistes, alchimistes etc…

Beaucoup d’expressions emploient ce mot « cheval ». Je ne vais en retenir que quelques unes. Avoir « une fièvre de cheval » mérite « un remède de cheval » c’est avoir une température élevée (spectaculaire comme  chez un cheval) et il faut lui apporter une solution radicale et efficace (avec un médicament puissant). Certains « sont très à cheval » dans leur domaine (très pointilleux) et ils peuvent rapidement « monter sur leurs grands chevaux » (s’emporter de façon agressive pour défendre leur point de vue), comme ces chevaliers autrefois sur leurs destriers hauts et forts pour mieux dominer leurs adversaires. D’autres préfèrent faire du sport avec un « cheval-d’arçons » (qui à l’origine était une pièce en bois utilisée comme support pour entreposer une selle) que de « miser sur un mauvais cheval » (ce qui au XIXème siècle supposait faire un mauvais choix). « Les chevaux fiscaux » pour évaluer la puissance d’une voiture se réfèrent aux « chevaux vapeur » concernant la force motrice des machines à vapeur.

Je termine la tête dans les étoiles avec la constellation de Pégase ou « cheval ailé » qui dans la mythologie était chevauché par Persée pour délivrer Andromède, puis capturé par Béllérophon pour vaincre la Chimère, et les Amazones.. Il termina dans l’Olympe comme la monture de Zeus. En fait différentes versions existent…