Parfois c’est agréable de se retourner avec un regard nouveau sur des visions d’antan. Mon grand-père paternel était sabotier et vivait dans un moulin depuis 1942.
C’est la magie des photos anciennes et la recherche de l’historique de ce moulin qui ravive une vie antérieure (le lien dirige sur le site du patrimoine de Bourgogne Franche-comté, pour avancer les pages cliquer les flèches en haut à droite). Ce moulin au départ avait 2 roues puis une, disparues depuis longtemps, rongées par l’eau et le temps. C’était un moulin à farine et à huile. Mon grand-père avait mis à jour des grandes meules en pierre.
Une roue à aubes apportait l’énergie nécessaire au fonctionnement des machines pour la fabrication des sabots puis une turbine hydraulique a pris le relais. Je revois les gestes précis des sabotiers: mon grand-père puis mon oncle qui vivait avec lui dans ce moulin. Pour accéder à ce moulin il fallait prendre un petit chemin, repéré de loin par un grand sapin majestueux, lequel un jour, au grand désespoir de mon grand-père a été foudroyé, gisant alors à terre de tout son long.
Ce petit chemin descendait jusqu’à un virage, dominant alors une passerelle piétonnière qui enjambait la rivière, puis le chemin s’orientait vers les derniers mètres pour accéder au moulin.
Je revois mon grand-père agenouillé avec sa chienne Poupette à ses côtés devant la porte. Malheureusement cette image a été emportée dans une inondation qui a abimé ou détruit tellement de photos.
Je ressens encore la grande tristesse de mon grand-père quand il a constaté le vol de la tête en pierre qu’il avait sculptée en mémoire de ma grand-mère trop tôt emportée par la maladie. Cette petite statue trônait sur une table extérieure en pierre. IL disait qu’elle n’était pas jolie mais il y a avait mis tellement d’amour pour la sculpter (car ce n’était pas son métier) que son désarroi était profond, maudissant alors le voleur.
Depuis mon enfance j’ai toujours eu le regard attiré par les moulins: tapisserie, peintures.
Reproduction de peinture trouvée dans une brocante
Peinture de mon enfance (et vraiment je n’avais encore pas acquis la notion de perspective!!)
Par la suite, au cours de nos balades, nous avons pris beaucoup de photos de moulins, témoins d’un autre siècle, mais dont les roues continuent inlassablement à tourner.
Ils sont un peu à l’image de tous ces métiers anciens qui pour certains ont disparus. Mais d’autres ont survécu grâce à des passionnés pour qu’ils ne sombrent pas dans l’oubli. Nous avons vu des dentelières à Burano et l’une assise sur le pas de sa porte, nous a conviés à entrer dans son univers.
En Écosse nous avons vu des vieilles machines dans des filatures, qui défient le temps mais toujours en activité. Notre coup de cœur a porté vers ce couple d’Écossais, dans leur petit atelier de tissage, isolé au nord de l’île de Skye à Glendale. Le tisserand active son petit métier à tisser en pédalant, processus écologique et durable et il fabrique un tissu de qualité: « Skye Weavers powered by pedal ».
J’admire aussi tous ces passionnés de généalogie qui passent des longues heures à la recherche de leurs origines, de leurs ancêtres et poursuivent le parcours et les faits marquants de la vie de leurs ascendants. Ils déchiffrent de vieux documents et parchemins, ils consultent des archives, et recherchent des photos ou cartes postales anciennes, des livres, ils écoutent et notent les paroles des aïeuls…. Ils reconstituent une sorte de puzzle. C’est un parcours, un retour aux sources qui peut aboutir à des énigmes. Le temps n’a pas de prise car ils continuent à avancer dans leur démarches afin de faire renaître le passé et que la mémoire ne s’éteigne pas.
Chèe Françoise , je viens de regarder encore 1fois le moulin à remonter le temps que de souvenir t’apporte ce joli sujet d ‘ ou sans doute tu as eu dans ton enfance avec ce beau moulin bisous de Mémé
Ce moulin effectivement fait partie de mon enfance, malheureusement beaucoup de photos ont disparu lors de notre inondation.
Mais je conserve des images en mémoire de mon grand-père en train de faire ses sabots, jouer de l’accordéon etc…
Je revois aussi ses larmes lorsqu’il parlait de sa femme disparue trop tôt (à ma naissance) emportée par un cancer.
Cette époque me parait tellement lointaine.
C’est pourquoi j’ai voulu faire cet article qui me tenait à cœur pour conserver ces souvenirs de mon grand-père paternel.
Bisous